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”ORPHÉE NOIR” DE JEAN-PAUL SARTRE: UNE LECTURE PROGRAMMATIQUE DE LA NÉGRITUDE

Ozouf S. Amedegnato
University of Calgary
Ibrahim Ouattara
Université de Moncton
Publiée novembre 13, 2019

Mots-clés :

Négritude, Senghor, Sartre, aliénation, émancipation, historicisation
Comment citer
Amedegnato, O. S., & Ouattara, I. (2019). ”ORPHÉE NOIR” DE JEAN-PAUL SARTRE: UNE LECTURE PROGRAMMATIQUE DE LA NÉGRITUDE. Revista De Estudios Africanos, 23–50. https://doi.org/10.15366/reauam2019.0.002

Résumé

En 1948 paraît aux Presses Universitaires de France l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française de L.S. Senghor, préfacée par J.-P. Sartre. Cet article se propose de revenir sur ce texte, « Orphée noir » parce qu’il nous apparaît rétrospectivement comme l’une des lectures les plus originales de la négritude, comme un prolongement aussi, tout à fait naturel, non seulement de la pensée de Sartre, mais aussi de son expérience de l’aliénation pendant l’occupation. L’expérience existentielle de l’occupation est structurellement similaire à l’expérience vécue de la colonisation, dans la mesure où elles mettent, l’une et l’autre, les individus dans la nécessité de faire face aux mêmes douleurs, aux mêmes vexations et aux mêmes exigences. Voilà pourquoi il nous semble que Sartre a pu si bien comprendre et, dans une certaine mesure, développer un attachement authentique pour cette poésie et cette littérature. Et c’est ce qui nous autorise à dire que sa lecture n’est pas une lecture parmi d’autres, mais une lecture lucide et profonde de ce qui est (encore) à l’œuvre dans la négritude ; une lecture programmatique, en somme. La négritude devient alors, non pas un mouvement achevé ou assigné à un moment de l’histoire : elle est toute cette histoire ; ce qui signifie qu’elle est aussi le devenir de la littérature noire. Ce qui fait que l’on peut décrire toute l’histoire de cette littérature suivant plusieurs modèles ternaires de l’autoréalisation dialectique (c’est-à-dire, sur le modèle Position de domination du maître / Révolte de l’esclave / Dépassement de la contradiction). On obtient alors des déclinaisons intéressantes, aux plans idéologique, philosophique, littéraire et linguistique.

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